Mémoire HEC
 
Accueil  >  Recherche documentaire >  L’impact des Festivals >> Administration <<
 
L’impact des Festivals
Sophie - 9 mai 2004

Les Festivals d’image, visant à moderniser ou améliorer l’image ou la renommée d’un lieu, ou les Festivals de création et de diffusion, remplissant une mission avant tout culturelle, peuvent aussi avoir de véritables retombées économiques.

Les études et monographies étudiant précisément l’impact économique des Festivals sont toutefois rares. Une étude effectuée il y a plusieurs années autour du Festival d’Avignon montre que pour un franc de recettes culturelles, il y aurait 3 à 5FF de retombée sur l’économie locale. D’autres études confirment ces résultats d’un impact économique égal à environ 3 fois le budget du Festival. Une étude réalisée par le BIPE montrait que les recettes locales ont été multipliées par un coefficient de 1,6 en terme de retombées locales. Enfin, une étude plus récente réalisée par l’AGFA en 2001 montrait que sur les 22,1 millions € de flux économiques que suscite le Festival d’Avignon, 18 millions bénéficient directement à l’économie locale. pour plus de détails : cf. article publié sur ce site

Même si ni le ministère de la culture, ni le ministère du tourisme ne se sont penchés de façon très approfondie sur les retombées des Festivals, les levées de boucliers qu’ont suscitées les annulations de Festivals de l’été 2003, suite aux mouvements de grève des intermittents, tendent à étayer la thèse d’un impact économique local non négligeable, voire même essentiel à la richesse du lieu d’accueil.

Nous pouvons ainsi tenter de lister les différents impacts économiques et sociaux des Festivals sur l’économie locale. Tout d’abord, l’économie des Festivals engendre des retombées économiques directes reflétées par le budget de l’événement :

-  Création d’emplois, salaires et défraiements.

Saisonniers ou permanents, temps partiel, intermittents...Les emplois directs sont très diverses et bénéficient le plus souvent à la population locale. Mais il existe toutefois quelques bémols : les Festivals ont souvent recours à un bénévolat important, et bénéficient parfois de « prêts » de personnel par les municipalités. De plus, il s’agit le plus souvent d’emplois non pérennes. Quand un festival off existe, comme c’est le cas par exemple à Marciac, les retombées n’en sont qu’accentuées. Un bilan détaillé des créations d’emplois reste néanmoins très difficile à évaluer correctement. On pourra quand souligner un impact également sur la formation via l’organisation de stages et de sessions professionnelles. Par exemple, le Printemps de Bourges organise des stages de techniciens du spectacle (25 stagiaires sur 40 en ont fait leur profession). à vérifier

-  Achats et dépenses liées au Festival.

Les dépenses directes concernent les secteurs économiques suivants : imprimerie, relations publiques, billetterie, techniques de sonorisation et d’éclairage, locations de parc de matériels, de lieux spectacles et d’instruments de musique, communication et agence de presse, transports, gardiennage/sécurité, artistique, maintenance informatique, journalistes.

-  Impôts, taxes et cotisations.

L’impact économique et touristique se prolonge de plus par ce que l’on peut appeler les dépenses induites du festival :

-  Créations d’emplois, salaires et défraiements corrélés au festival.

Les emplois indirects concernent les secteurs suivants : hôtellerie, restauration, transport, nettoyage, sécurité, alimentation et commerce en général, santé et action sociale, Poste et télécoms, associations socioculturelles.

-  Dépenses des Festivaliers, notamment en hôtellerie et restauration.

Les dépenses des festivaliers (artistes et public) sont multiples : la part la plus importante concerne le logement et la restauration. Par exemple, le Festival d’Avignon correspond à 2800 nuits d’hôtels et la mairie estime qu’un festivalier dépense en moyenne 110 euros par jour (hors billetterie). Mais, les retombées concernent aussi les produits souvenirs (cf. produits dérivés de Bourges, marché attenant aux salles de spectacles, présence d’un stand Renault sur le site)

-  Développement économique : accroissement ou rentabilisation des structures et infrastructures locales.

-  Dynamisation de la ville et réaménagement du territoire. L’impact en terme de développement est d’autant plus fort et tangible que la ville organisatrice est de taille modeste. Par exemple, à Marciac, le Festival a permis le développement du collège et la revitalisation de ce petit village.

Par ailleurs, les retombées sur la ville et la région sont nombreuses et vont bien au-delà des seules retombées économiques. Il convient ainsi de souligner les bénéfices en terme de communication et d’image, qui contribuent au développement touristique du lieu.

-  Retombées publicitaires pour la ville.

Il suffit, pour se rendre compte de l’avantage que peut conférer un événement d’envergure pour la ville, de comparer le nombre de passages télé et radio ou d’apparitions dans la presse que suscite le Festival et le budget publicité que cela pourrait représenter pour faire parler de la ville au travers de ces médias. Il s’agit donc d’un formidable coup de projecteur sur une ville ou une région. Le Festival permet de bénéficier à la fois de l’intérêt général des médias pour la culture et de la dimension événementielle, soit une « double chance » de faire parler de la ville. Même s’il est difficile de chiffrer précisément les retombées publicitaires pour la ville, en l’absence d’études précises et même si l’impact doit être relativisé par le fait que la communication n’est pas « maîtrisée », il est néanmoins indéniable qu’il existe de très fortes retombées.

-  Création d’une identité forte associée à la ville.

L’organisation d’un festival, si sa programmation est cohérente avec les caractéristiques et repose sur un projet artistique de qualité, contribue à la valorisation de l’image de la ville et donc au développement de l’attractivité touristique du lieu. Ce potentiel de communication n’a d’ailleurs pas échappé aux entreprises, qui y trouvent souvent non seulement le support d’une promotion commerciale de leurs activités et produits mais aussi un vecteur efficace de valorisation de leur image, tant en interne que vis-à-vis de leurs partenaires.

-  Développement du tourisme.

L’impact touristique des Festivals comprend deux aspects. D’une part les Festivals ont une incidence sur l’attractivité d’une ville en intervenant dans les choix de destination touristique des vacanciers. On peut citer l’exemple du festival de Lorient, dont 29% des festivaliers finissaient leurs vacances sur le site en 1992. D’autre part, ils contribuent à l’animation touristique du lieu et peuvent même jouer un rôle de valorisation du patrimoine. La population qu’ils attirent présente en général une forte propension aux consommations culturelles.

L’intérêt des Festivals est aussi qu’ils permettent de générer une attractivité durable grâce au renouvellement de la programmation d’une année sur l’autre, par opposition par exemple à un monument, qui ne change presque pas d’une année sur l’autre. De plus, un événement culturel peut être le support à un développement de produits touristiques annexes, via les SLA (services loisirs-accueil des CDT)(forfait « musique gourmande » de la Chaise Dieu qui a été un succès, cf. cahiers espaces mars 1993) ou encore des acteurs privés. France Festival contribue ainsi à la diffusion de ces offres. Enfin, reste à souligner que l’envergure de certains festivals permet d’attirer et de susciter le développement du tourisme étranger.

Enfin, même si ces dimensions sont plus difficilement quantifiables, les festivals, sont aussi des vecteurs de développement artistique, culturel et social :

-  Dynamique artistique.

Le caractère événementiel des festivals favorise l’innovation et la création, en permettant la diffusion de nouveaux genres sinon peu programmés. Leur caractère éphémère autorise aussi l’organisation, dans des régions plus isolées ou des villes plus modestes, de spectacles qui en temps normal ne se déroulent que dans les grandes villes. Les Festivals remplissent donc un rôle de promotion de la culture et sont parfois le support de véritables « marchés » artistiques en devenant des rendez-vous incontournables d’un genre rassemblant professionnels et diffuseurs.

-  Démocratisation et décentralisation culturelle.

L’ambiance festive et la dispersion géographique des Festivals leur permet de jouer un rôle de démocratisation. Ils contribuent ainsi à la diffusion culturelle car ils facilitent l’élargissement des publics et visent parfois à estomper les inégalités sociales et les barrières symboliques propres à certaines consommations culturelles. Par ailleurs, certains orientent leurs actions vers les jeunes publics, assumant ainsi une mission pédagogique. Enfin, la dynamique festivalière peut se pérenniser dans certains cas via la création de structures permanentes qui permettent d’animer la vie culturelle locale au-delà de l’événement. Le printemps de Bourges a par exemple suscité la création d’une Palais des Congrès pour son développement, structure permanente qui profite à la ville dans son ensemble et qui a contribué à un enrichissement pérenne de la vie culturelle berrurière.

-  Intégration sociale.

Le Festival peut favoriser l’implication locale des habitants au travers d’actions culturelles qui se poursuivent parfois toute l’année. La mobilisation locale peut ainsi passer par le recours au bénévolat. Mais plus généralement, l’implication et l’intérêt développés par la population tendent à développer de nouvelles formes de convivialité et à renforcer la conscience citoyenne des habitants. De plus, la réussite d’un festival peut générer toute une myriade d’actions en direction des jeunes publics via le développement de projets attenants dans les écoles, collèges et lycées, ou encore universités. Enfin, les événements culturels peuvent être des facteurs d’intégration et de lutte contre l’exclusion, par exemple en positionnant les festivals dans certains quartiers plus défavorisés ou isolés d’une ville.

Toutefois, pour que les interactions opèrent un résultat significatif et pérenne, plusieurs conditions semblent devoir être réunies. La solidité du projet artistique et la présence d’infrastructures logistiques et touristiques sont indispensables pour que l’effet « coup de poing » d’un Festival se transforme en impact durable sur le développement du lieu d’accueil. De plus, si la fonction culturelle doit rester prioritaire, l’implication de la population locale est une condition indispensable à la réussite et au rayonnement de l’événement. Le Festival ne doit pas se limiter à un vecteur de communication et d’image pour la ville mais doit jouer un d’intégration sociale et culturelle pour permettre le développement d’un véritable tourisme culturel. Par ailleurs, il doit répondre aux problématiques de la ville et faire l’objet d’une collaboration étroite au niveau des politiques touristique, économique et culturelle de la ou des collectivité(s) concernée(s), afin de remplir au mieux les objectifs d’animation, de promotion, d’image, de remplissage et de calendrier qui sont recherchés.

Enfin, avec le développement spectaculaire de l’offre festivalière en France, il reste à souligner bien évidemment la nécessité de proposer un projet original, innovant et différencié, permettant d’affirmer l’identité de la collectivité organisatrice.

Sources : compilation d’articles de la revue Cahier Espaces N°31, mars 1993, Editions Touristiques Européennes. Rapport du Conseil économique et social, 1998. Les Festivals en France, Luc Benito, L’Harmattan, 1998.


Articles dans la même rubrique :
Le rôle des collectivités locales appréhendé au travers du budget des Festivals - 9 mai 2004
Entretien avec la CCI du Cher - 7 mai 2004
Les festivals en France - 27 avril 2004
Principales conclusions de l’ouvrage : Festivals, création, tourisme et image - 20 avril 2004
Etude sur les retombées du Festival d’Avignon - 19 avril 2004
Festivals : définition et typologie - 12 avril 2004
Définitions du tourisme culturel - 11 avril 2004
 
Brèves dans la même rubrique :
Informations Marciac - 28 mai 2004
Les eurockéennes : de nombreuses offres associées - 9 mai 2004
La Maison de la Culture de Bourges - 7 mai 2004
Qui a dit que l’offre touristique pour les Festivals de Musiques Actuelles n’existait pas ? - 6 mai 2004
Le printemps de Bourges : un investissement étatique au niveau central de la DMDTS - 23 avril 2004
Commande de livres - 11 avril 2004
 
Résumé  |  Plan